Pourquoi un site sur l'Adelphité du langage ?

Êtes vous choqué.e lorsque vous entendez « Hommes » là où le terme « Être humain » ou « femmes et hommes » seraient à la fois plus juste, égalitaire et approprié ?

Lorsque nous y sommes sensibles et même militant·e·s, très souvent en réponses à nos interventions nous recevons des haussements d’épaules ou encore des réflexions comme quoi « il y a plus grave » ou que « cela a toujours été comme çà » …

  • Oui, il y a plus grave, il y a toujours plus grave ! Dans ce cas arrêtons tout : les actes philanthropes, l’entraide, les recherches … Tout !
  • Et non, il n’en a pas toujours été ainsi …

Histoire et société

Les mots transparaissent d’une histoire passée mais aussi du possible pour les générations à venir. Et la formulation « femme-médecin » ou « femme-ingénieur » a été un mal nécessaire, qu’il faut aujourd’hui dépasser, à mon sens.

Nier la version féminine d’un métier pour ne prendre que cette exemple, c’est nier le fait qu’une femme peut le réaliser et l’assumer tout comme un homme. Notons que l’inverse est tout à fait vrai. Les femmes sont plus touchées par le chômage malgré une réussite scolaire égale voire supérieure à celle des hommes. Elles sont aussi moins bien rémunérées et subissent encore des préjugés sur leurs compétences, leur image hyper-sexuée ou leur maternité supposée …. Il nous semble que la féminisation des mots doit être renforcée pour permettre à chacune et à chacun de se projeter dans le possible, dans l’accessible, et arrêter de faire croire aux petites filles qu’elles passent après les petits garçons.

Il est important de répéter et répéter les choses et les mots justes afin de s’en imprégner, de connaître leur sens, leur histoire et de les comprendre. S’en imprégner pour que l’inconscient ne croit plus en cette règle qui affirme que le masculin l’emporte sur le féminin, car « Ce n’est pas seulement une règle de grammaire, c’est une règle sociale qui instruit que le masculin domine sur le féminin. » nous précise Eliane Viennot – professeure émérite de littérature française de la Renaissance.

Parce que dès l’enfance, les petites filles vont voir passer avant elles le masculin, elles vont tolérées – une fois adultes – la discrétion jusqu’à l’effacement ou les fameux 20% d’écarts et autres inégalités.

Car ne pas nommer le féminin c’est nier jusqu’à son existence, nier la possibilité de réussir, de pouvoir agir comme on le souhaite, de rêver aussi, de se réaliser tel·le que nous le désirons.

Il ne s’agit pas de créer un monde androgyne, mais bien un monde où chaque être humain est considéré de la même manière et reçoit les mêmes devoirs ET les mêmes droits. Il est ici question d’égalité, de liberté et d’adelphité.

Pour paraphraser Laurence Rossignol – Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. en 2016 – « ce n’est pas une lubie, le langage touche à la dimension systémique des inégalités. ».

Heureusement les usages évoluent : en 1999, l’UNESCO a édité un livret de référence « L’égalité des sexes dans le langage ». Le Conseil de l’Europe a adopté des recommandations pour encourager une écriture épicène et la féminisation du langage afin d’en éliminer le sexisme.

Le Haut Conseil à l’Egalité Femmes/Hommes a édité un guide sur l’écriture non stéréotypée ou autrement appelée écriture inclusive, et le collectif Droits humains créé par des actrices et acteurs de la société civile, a lancé la campagne Droits humains pour tou·te·s. Elle vise à obtenir l’abandon par les institutions de la République française de l’expression « Droits de l’Homme » pour la remplacer par celle de « Droits Humains ».

Voic un extrait d’une des déclarations présentées à ce concours :

«  […] Qu’y a-t-il donc de si choquant à substituer “humain” à “homme” ? Humains des cavernes, Déclaration des droits de l’humain, un crâne d’humain moderne, l’humain est la mesure de toute chose, Des souris et des humains, l’humain de la rue, l’origine de l’humain, l’humain préhistorique, Maison des Sciences de l’humain, l’humain de Neandertal, l’humain de Florès (qui est une femme), … »

D'où vient ce mot ?

Adelphité vient du mot grec ancien ἀδελφός, adelphós qui signifie : utérin, frère.

Sous forme d’adjectif (masculin et féminin étant identiques), il signifie en :

  • Botanique : les filets des étamines sont soudés en un ou plusieurs faisceaux. En raison du nombre de ceux-ci, les fleurs sont dites monadelphes, diadelphes, polyadelphes, suivant qu’ils forment un, deux, etc. ou un nombre indéterminé de faisceaux.
  • Médecine, ophtalmologie) : l’œil adelphe signifie l’autre œil, l’œil controlatéral.

Dans le cas du nom commun (masculin et féminin sont identiques). Ce mot s’utilise au Québec et assez rarement (pour le moment) en Belgique et en France. Il désigne la personne qui est née de mêmes parents. Autrement dit il désigne indistinctement de son genre ou sexe, le frère ou la sœur de quelqu’un

Par exemple : J’ai trois adelphes : deux frères et une sœur.

  • Néologisme – Qui est frère issu de la même mère. Seuls les fils d’une même mère étaient seuls de vrais frères

Source de ces définitions :

En mars 2017, Datagueule diffuse son émission intitulé « Liberté, Egalité, Adelphité » :